La santé mentale chez les jeunes :

UN ENJEU MAJEUR

Selon la Commission de la santé mentale du Canada, plus de 1 million de jeunes Canadiens âgés de 9 et 19 ans sont touchés par la maladie mentale. Cependant, il est rapporté qu’à peine un sur quatre d’entre eux (25 %) a demandé et reçu des services ou des soins. Il est donc clair que la santé mentale des jeunes Canadiens doit devenir une priorité nationale.

« Contrairement à ce que les gens pensent, les problèmes de santé mentale sont courants chez les jeunes », affirme Madame Louise Bradley, présidente de la Commission de la santé mentale du Canada. Parmi ceux-ci, on retrouve entre autres le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), la dépression majeure, le trouble bipolaire, les troubles anxieux, les troubles alimentaires, les troubles du comportement, les premiers épisodes psychotiques, la schizophrénie et les troubles du spectre de l’autisme (TSA). Malheureusement, les maladies mentales peuvent avoir des conséquences très délétères pour les enfants, les adolescents et les personnes qui en prennent soin. Elles peuvent notamment entraîner de pauvres résultats académiques et le décrochage scolaire, des problèmes d’abus d’alcool et de drogues, des démêlés avec la justice, une incapacité à vivre de façon autonome ou à conserver un emploi, des problèmes de santé physique et elles peuvent même conduire au suicide. De plus, les problèmes de santé mentale peuvent se poursuivre à l’âge adulte et nuire au développement et au fonctionnement dans la collectivité. « Nous avons le devoir d’offrir à nos enfants et à nos adolescents des services de santé mentale et de pédopsychiatrie appropriés afin qu’ils puissent se bâtir un avenir solide, une vie saine et productive, et ainsi avoir la chance de contribuer à part entière à notre société, » affirme la Dre Manon Charbonneau, membre du conseil exécutif de la commission de la santé mentale du Canada.

L’IMPORTANCE DE L’INTERVENTION PRÉCOCE 

Lorsqu’ils auront atteint 29 ans, environ 40 % des jeunes Canadiens auront eu une maladie mentale. « Pour éviter d’importants problèmes de santé mentale à l’âge adulte, il est crucial d’intervenir rapidement et d’avoir des équipes comblées en ressources pluridisciplinaires de 1re, 2e et 3e ligne. Actuellement, plusieurs équipes sont fragmentées, incomplètes ou carrément désertiques », indique la Dre Charbonneau. Cela est d’autant plus important sachant que plus des deux tiers des adultes ayant un problème de santé mentale jugent que les symptômes sont apparus pour la première fois pendant l’enfance ou l’adolescence. Le fait d’éduquer et d’outiller les jeunes, les éducateurs et les professionnels de la santé, grâce à une meilleure compréhension de la santé mentale, peut réduire les répercussions sociales et économiques des troubles mentaux. C’est pourquoi de nombreux projets mettant l’accent sur la santé mentale des jeunes ont été mis de l’avant par la Commission de la santé mentale du Canada. « La santé mentale des enfants et des adolescents est la responsabilité de tous : elle nécessite l’engagement des parents, des enseignants, des professionnels de la santé et des organismes communautaires », souligne Louise Bradley.

« Les interventions précoces apportent une amélioration spectaculaire de la qualité de vie. »

- Louise Bradley, présidente de la Commission de la santé mentale du Canada

LUTTER CONTRE LA STIGMATISATION 

« La stigmatisation est un problème grave qui menace le bien-être d’un grand nombre de jeunes Canadiens », assure Madame Bradley. La stigmatisation associée aux troubles mentaux et à la maladie mentale est en effet lourde de conséquences tant sur le plan social que personnel. Chez les enfants et les adolescents, l’autostigmatisation peut mener à l’isolement social, à une piètre image de soi et au déni de la maladie. Malheureusement, ce sont des facteurs qui, éventuellement, les dissuadent de consulter alors qu’ils en auraient grandement besoin. C’est pourquoi la Commission de la santé mentale du Canada a lancé une campagne nationale de lutte à la stigmatisation chez les jeunes. Grâce à sa campagne LA TÊTE HAUTE, la Commission fournit aux jeunes, les connaissances et les outils nécessaires pour lutter contre la stigmatisation. « Les jeunes sont grandement influencés par leurs pairs que ce soit à l’école, à la maison ou en société. Voilà pourquoi il faut les munir d’outils nécessaires afin qu’ils puissent reconnaître les attitudes et les comportements stigmatisants et ainsi amorcer une transformation bénéfique des milieux où ils vivent, jouent, étudient et travaillent », raconte la Dre Charbonneau. Cela modifie en effet leur façon de penser et d’interagir face aux personnes ayant un problème de santé mentale. La campagne LA TÊTE HAUTE vise aussi à conscientiser les établissements d’enseignement sur la santé mentale et la stigmatisation.

LE SAVIEZ-VOUS ? 

Depuis sa création en 2007, la Commission de la santé mentale du Canada a mis de l’avant de nombreux programmes et initiatives innovateurs visant à favoriser la santé mentale et le bien-être de toute personne vivant au Canada et à créer un système de santé mentale apte à répondre aux besoins des individus qui ont un trouble mental ou une maladie mentale. Parmi ceux-ci, on compte notamment le document Changer les orientations, changer des vies : Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada, le lancement de la Norme nationale sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail, une première au monde, le leadership exercé grâce au projet Chez Soi, la plus vaste étude de recherche du genre basée sur l’approche Logement d’abord. De plus, la commission offre la version adaptée du programme Premiers soins en santé mentale focalisant sur les problématiques spécifiques aux jeunes âgés de 12 à 24 ans. Cela dit, la Commission pourra poursuivre sur son élan, amorcé il y a sept ans, puisque son mandat vient tout juste d’être renouvelé par le gouvernement fédéral, et ce, pour dix années additionnelles à compter de 2017.

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